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    Le besoin en réassurance devenu tendance majeure !

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    La crise sanitaire a accéléré une tendance qui était présente dans nos sociétés modernes : un besoin de sécurisation, de réassurance. Avant la crise sanitaire, alors que le monde n’avait jamais été aussi sûr, un signal faible de besoin en sécurisation apparaissait.

    Monthermé - Ardennes

    Il était notamment lié à la succession de catastrophes naturelles, aux crises écologiques ou agroalimentaires par exemple ou au syndrome de Paris pour les visiteurs chinois… Les pertes de confiance, toutes les incertitudes en général, peuvent générer des angoisses et des peurs.

    La crise sanitaire a évidemment été une exceptionnelle accélératrice de ce phénomène. Cette tendance aura un fort impact (en intensité et en durée) dans les prochains mois et les prochaines années sur le comportement des visiteurs.

    Quels sont les enjeux et défis induits par l’essor de cette tendance ? Quelles traductions a-t-elle sur la demande ? Comment adapter son offre pour répondre aux nouveaux besoins ?

    Défis et enjeux

    Prise de conscience de la vulnérabilité de l’humain

    La crise sanitaire a fait prendre conscience à la majorité des êtres humains de la planète, de notre vulnérabilité. L’humain après avoir dominé les éléments s’est finalement fait bousculer par un organisme microscopique, un virus. Cette constatation rejoint finalement une prise de conscience collective assez récente : le dérèglement climatique et l’impact de l’homme en la matière. L’humain a pris conscience que la nature ne peut être dominée. Il doit intégrer son environnement, s’adapter à lui et non essayer de le dominer en permanence. C’est pourquoi, les tendances de recherche de sens, de respect de l’environnement naturel ou social vont s’amplifier.

    La santé priorité absolue

    La santé a pris le pas de l’économie dans les préoccupations des responsables politiques mondiaux et de l’humanité.

    La sécurisation sanitaire est devenue la norme.

    Un besoin multi-générationnel

    Ce besoin de réassurance, ressenti comme une obligation collective touche toutes les cibles en termes d’âge même si les plus jeunes semblent moins impactés d’un point de vue sanitaire, ils y sont moins sensibles.
    La grande majorité ressent ce besoin ou l’envisage comme une obligation collective.

    Nouveaux comportements des visiteurs

    Toutes ces peurs ont généré de nouveaux comportements. Nous avons vu durant l’été 2020, la fulgurance du développement des microvacances. Nous avons aussi observé le développement de la staycation, vacances près de chez soi. Les touristes sont restés dans un rayon d’1h30 dans la plupart des cas. Ils ont d’ailleurs redécouvert leur territoire : relocalisation des consommations touristiques. Les départs de dernières minutes sont à présent la règle.

    Des attentes en normes sanitaires décuplées

    Les touristes attendent des normes sanitaires strictes et un renforcement des exigences sanitaires dans les lieux qu’ils fréquentent lors de leurs séjours.
    Ces exigences conditionneront l’industrie du voyage de demain.

    Une incertitude majeure sur la géopolitique sanitaire mondiale

    Les attentes au niveau de la vaccination sont énormes. Les volumes de personnes vaccinées pour satisfaire une immunité collective seront primordiaux. Les comportements et exigences des pays tiers compteront également en termes de géopolitique sanitaire (exigences d’autorisations, de comportements sanitaires, …) et impacteront l’envergure et la vitesse de la reprise de l’industrie touristique mondiale.

    La crise sanitaire de la COVID 19 a concrétisé le risque d’une pandémie mondiale. Se pose aujourd’hui, au niveau international pour l’avenir du tourisme, une question cruciale quant aux enjeux et impacts d’un passeport sanitaire / vaccinal.

    Quels impacts sur la demande touristique ?

    Nous l’avons vu dès cet été, les comportements des touristes ont changé. Nous avons tout d’abord observé, un ralentissement des départs en vacances, voire une annulation de ces départs. L’industrie touristique sera impactée à moyen terme sur ce plan tant que la confiance ne sera pas retrouvée.

    Toute la chaîne de valeur touristique est touchée : du transport aux hébergements en passant par les activités.

    Modification des choix de destination et des attentes

    Les modifications dans le choix des destinations sont déjà visibles. Ils se dirigent à la fois vers des espaces ruraux ou naturels, moins fréquentés. La crise sanitaire a évidemment joué. Mais, les tendances du slow tourisme, d’un tourisme plus éthique, déjà présentes depuis plusieurs années vont se renforcer. Le touriste a besoin de retrouver les valeurs essentielles, authentiques.

    Certains lieux de visite moins connus, comme les destinations profitent de ces changements de comportements, de recherche de distanciation.

    Modification des types d’hébergement

    Le type d’hébergement choisi est également en balance. Les touristes se tournent vers des sites plus « sécurisés », c’est à dire avec moins de risque de contact avec d’autres touristes. On voit la flambée des locations individuelles.

    Plusieurs chaînes d’hôtels ont compris ce phénomène et investissent à présent dans des logements individuels à louer. Ils viennent concurrencer Airbnb ou comment inverser une ancienne tendance de fond.

    Des besoins en services sécurisants

    Les touristes ont besoin de sécurisation dans tous les stades de la visite : paiement sans contact, drive, point relais virtuel… Le touriste a besoin de voir et de comprendre au début de son parcours d’achat que son séjour touristique sera sûr.

    Des réservations de dernière minute

    Les réservations de dernière minute sont devenues la norme. Les touristes attendent le dernier moment pour vérifier des développements et l’amplification de la diffusion du virus et hésitent jusqu’à la veille.

    Ce phénomène s’est considérablement amplifié avec la crise sanitaire. Le Tourisme devient un consommable « immédiat ». Cela interroge sur le cycle de préparation des séjours et les implications en termes d’expérience utilisateur.

    Envie d’offres « détente »

    Les touristes auront aussi envie de séjours bien-être, cocooning pour se détendre, se déstresser suite à cette période très anxiogène. Ils veulent s’évader, se sentir comme avant et lâcher prise dans ce contexte très angoissant.

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    Comment adapter l'offre touristique ?

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    Les enjeux et défis à relever pour le secteur du tourisme sont primordiaux sur cet axe de la réassurance.

    Retravailler une offre de services sécurisante

    Le travail passera tout d’abord par une sécurisation des lieux d’accueil en misant sur le sans contact, bracelets connectés pour transactions monétaires… toutes nouveautés qui pourront permettre de sécuriser les échanges et la visite.

    Dédensifier les lieux de visite

    Les systèmes de gestion des files d’attente seront aussi à réfléchir en proposant des processus ludiques d’attente. La construction de protocoles rassurants en repensant notamment les procédures d’hygiène. La « dédensification » de la fréquentation des lieux de visite ou d’hébergements pour rassurer (jauges…) seront aussi à imaginer.

    Adapter sa communication

    Au-delà des systèmes mis en place, il faudra rassurer en communiquant sur les dispositifs mis en place. Les institutionnels qui accompagnent les professionnels privés devront contribuer à diffuser ce climat de réassurance.

    Imaginer de nouvelles offres

    Concernant la construction des offres, les propositions devront se réorienter vers des produits ou services «care» ou « safe ». Il faudrait imaginer des séjours sur le triptyque : Santé / Bien-être / Ecologie qui seront 3 tendances fortes dans les prochains mois.

    La virtualisation des offres est essentielle. Elle permettra de travailler notoriété et image.

    Désaisonnaliser vos offres pour réassurer

    Au vu des peurs et des besoins de distanciation sociale ou physique qui persistent, il est essentiel de proposer, pour réassurer la clientèle, des offres 4 saisons.

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    En conclusion…

    Le tourisme est très impacté par la crise sanitaire puisqu’il est parmi les vecteurs les plus puissants du risque pandémique mondial. Il est parmi l’un des secteurs les plus contributeurs aux échanges, à la diffusion.

    «Le plus beau voyage, c’est celui qu’on fait l’un vers l’autre.»…selon Paul Morand, mais ces pas vers l’autre ont tellement été piétinés par la distanciation sociale et physique… et les fameux gestes barrières.

    Il nous faut donc aujourd’hui, réinitialiser un rapport à l’autre, une découverte de l’autre…. réinventer un tourisme en rassurant nos visiteurs.

    Séverine PORTET

    Sources :

    Rémy Oughin, Revue Espace n°355 « Pistes pour concevoir l’offre touristiques de demain » - Michel Maffesoli, Revue Espace n°355 « Le tourisme moderne est mort, vive le tourisme postmoderne » - Philippe Bourdeau, Revue Espace n°355 « Le tourisme face à ses limites en période de crise » Jean-Didier Urbain, Revue Espace n°355 « La crise ne va pas tuer l’imaginaire touristique » - Anne Fuzier, Christophe Gay, Sophie Landière, Revue Espace n°355 « Profitons de la crise pour inventer le tourisme de demain » - Anne Gaubantt, Jérèmy Le Mariè, Claire Grellier Fouillet, Revue Espace n°355 « La crise du COVID 19, un changement stratégique pour le tourisme ? » - BPI France « Les tendances majeures qui vont transformer l’économie » - Chaire de Tourisme du Québec « Le livre Blanc du Tourisme 2021 » - Séverine Portet, Le Mois des Tendances ART GE « Ce qui va changer après la COVID 19 pour le tourisme »

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