Produire des vidéos régulièrement : les clés pour s’organiser !

Publié le Lecture 14 min

Épisode 23

Imaginez que vous deviez produire des vidéos chaque semaine pour vos réseaux sociaux, tout en gérant votre activité touristique. Pas de panique : il existe des méthodes concrètes pour s’organiser, gagner du temps et publier régulièrement sans s’épuiser.

Dans cet épisode, nous recevons Dominique Dufour, consultant en stratégie éditoriale, pour faire le point sur les bonnes pratiques à adopter. Définition des piliers de contenu, organisation en mode “batching”, valorisation du quotidien, outils de création assistée par IA, calendrier éditorial… Dominique nous guide pas à pas pour produire efficacement des vidéos simples, authentiques et engageantes.

Transcription

Jean-Baptiste : « Vous l’avez sûrement remarqué, surtout sur les réseaux sociaux, la vidéo s’impose partout. C’est le format privilégié par les voyageurs, comme par les algorithmes. Et du coup, cela nous oblige à nous poser plein de questions. Comment s’y mettre, comment tenir le rythme et surtout, comment publier régulièrement sans que cela ne devienne trop chronophage. Pour en parler, nous recevons Dominique Dufour, expert en stratégie éditoriale que vous avez déjà entendu dans ce podcast. Depuis des années, Dominique accompagne des offices de tourisme, des musées, des hôtels, des restaurants ou encore des gîtes pour notamment leur permettre de franchir le pas de la vidéo et les aider à trouver la bonne organisation pour leur production. Bienvenue dans ce nouvel épisode d’Explore Grand Est Académie. Dominique, bonjour ! »

Dominique : « Bonjour ! »

Jean-Baptiste : « Pour commencer, est-ce que vous pouvez nous expliquer, vous, les professionnels du tourisme que vous rencontrez quotidiennement, quels sont leurs principaux freins quand vous leur parlez de vidéo ? »

Dominique : « C’est surtout une peur qui est en train de disparaître progressivement. Déjà, il y a une petite peur de la technique, parce que c’est vrai que ça paraît moins facile que de prendre une simple photo ou de rédiger un texte, parce qu’on n’a pas forcément les équipements nécessaires. Alors on va s’apercevoir qu’un simple smartphone suffit dans 99,9 % des cas. Ensuite, il y a le manque de temps, alors qu’en fait, en s’organisant, on trouve quand même le temps. Et enfin, une des dernières raisons, c’est qu’il y a beaucoup de gens qui n’aiment pas trop se mettre en avant face à la caméra. »

Jean-Baptiste : « Merci de dédramatiser effectivement. Et surtout, maintenant on sait : il faut faire des vidéos. Alors si je veux me lancer, par quoi dois-je commencer ? »

Dominique : « Si moi je devais aujourd’hui lancer mes vidéos, par exemple pour mon camping, je réfléchirais déjà à mes messages. Qu’est-ce que je veux leur raconter ? Quels sont les thèmes que je veux aborder pour les intéresser, soit parce qu’ils sont déjà venus, soit pour les séduire, pour qu’ils aient envie de venir. Donc l’idée, ça va être de définir ce que j’appelle des piliers de contenus. Si je continue sur mon exemple de camping, je vais parler des hébergements, des activités, de l’équipe, de l’animation. Je parlerai également certainement des campeurs. Donc l’idée, c’est d’identifier les grands thèmes qui caractérisent et qui cristallisent un petit peu l’ADN de votre activité pour ensuite, dans chacun de ces thèmes, décliner sous la forme de sujets. Et ces sujets deviendront des vidéos. »

Jean-Baptiste : « On voit bien comment on peut établir les grands piliers de sa stratégie éditoriale. Derrière, est-ce que vous avez des conseils clés qui permettent aussi d’aller chercher des informations et d’adapter son message pour être efficace ? »

Dominique : « Oui, il y a plein de façons de faire. Aujourd’hui, il y a pas mal de médias, notamment en gros acteurs, qui utilisent une “roue des usages”, qui va regrouper les grands usages qu’on va trouver sur les réseaux sociaux à travers quatre prismes. Le premier d’entre eux, c’est que les gens ont besoin d’être informés : d’où le recours aux réseaux sociaux. Ensuite, les gens ont besoin de comprendre : d’où les formats de décryptage, d’explication. Les gens ont besoin aussi de ressentir des émotions : l’humour, la beauté d’un paysage. Et enfin, ils ont aussi besoin de passer à l’action. Passer à l’action, ça va être simplement, après avoir vu une vidéo, avoir envie de décrocher son téléphone, d’envoyer un email, ou de cliquer sur le bouton “Réserver son séjour”. Donc : l’information, le besoin de comprendre, l’émotion et l’action. Et à partir de ces quatre têtes de chapitres, on peut essayer de classer ses contenus et de les traiter sous cet angle-là. Si j’ai mon camping, je vais faire une vidéo qui va informer, qui va faire comprendre, ressentir, ou inciter à agir. »

Jean-Baptiste : « Alors vous, vous êtes un expert de la stratégie éditoriale, mais si on doute un petit peu de la marche à suivre, est-ce que vous avez des méthodes, des trucs qui permettent de tester ces intuitions ? »

Dominique : « Le premier truc qui me vient spontanément à l’esprit, c’est d’aller voir un petit peu ce qui se passe ailleurs. Donc je peux très bien aller voir tout ce que font mes concurrents, voir comment ils communiquent sur leurs offres, sur leurs hébergements. Donc l’idée, c’est aussi de nourrir mon regard par rapport à mon activité et voir ce que font les autres. Ensuite, et ça, je pense que c’est vraiment une des clés, c’est de bien écouter ses clients. Si je reste sur mon camping, mes clients, chaque année, il y en a qui reviennent, il y en a qui m’incitent, qui me donnent des conseils sur de nouvelles activités. Donc il y a tout ce travail d’écoute, de relation avec ses clients, qui est aussi une source d’inspiration incroyable. Imaginez, j’ai un gîte, mes clients me disent sans arrêt que mon jardin est magnifique. Parmi mes piliers de contenu, mon jardin deviendra certainement un sujet majeur de mes vidéos. Donc l’idée, c’est vraiment d’être à l’écoute de ce que racontent et de ce que me partagent mes clients, parce qu’eux aussi vont me donner beaucoup d’indications sur les choses à montrer à travers des vidéos. »

Jean-Baptiste : « Super, on a une stratégie éditoriale. Maintenant, la crainte qu’on peut avoir, c’est le temps que va prendre cette production. Alors, est-ce que vous pouvez nous expliquer comment on doit s’y prendre pour produire efficacement des vidéos ? »

Dominique : « Quand on commence à travailler sur du contenu vidéo, c’est pratiquement 80 % de préparation pour 20 % de tournage et de montage à part entière. Je vais vous donner deux astuces qui sont très efficaces. Plutôt que de filmer au fur et à mesure, c’est-à-dire de faire des vidéos quand j’ai un moment libre entre deux clients, etc., je me réserve dans mon emploi du temps les bons moments où je peux me caler une demi-heure, une heure, pour produire plusieurs vidéos d’un coup. Ensuite, un autre conseil que je recommande, c’est de documenter son activité. Je reprends l’exemple de mon camping : quand les nouveaux mobil-homes arrivent, je fais la vidéo, je fais des photos. Ça me servira certainement à plusieurs reprises lorsque je publierai des choses sur les réseaux sociaux : sous la forme d’une story, d’une ou plusieurs vidéos, d’un carrousel. Bref, je vais réutiliser ces instants pour créer d’autres formats et être présent régulièrement sur mes réseaux sociaux. »

Jean-Baptiste : « Autre élément qui peut faire peur, c’est qu’on a envie d’un rendu optimal. On met la barre assez haute en termes de production et ça, ça peut décourager. Comment faire pour avoir le bon niveau de qualité sans en faire trop ? »

Dominique : « Aujourd’hui, c’est quand même relativement simple, parce que tous les smartphones proposent des fonctionnalités vidéo qui sont vraiment assez incroyables. Je peux filmer même sur des vieux smartphones en 4K, c’est-à-dire en très haute définition. Donc j’ai un outil qui est déjà extrêmement performant. Cet outil, en plus, je peux lui greffer par exemple un micro sans fil, le mettre sur un trépied pour gagner en stabilité, mais de base, le smartphone est largement suffisant. L’autre chose aussi, c’est qu’on n’est pas obligé de faire des vidéos très longues. Je vais donc privilégier des formats courts. Imaginons : j’ai mon gîte, je monte au premier étage, j’ai une vue magnifique sur la campagne environnante, la petite brume qui se lève, les rayons du soleil. J’appuie sur le bouton “record” et je fais un mini travelling comme ça. Comptez avec moi : 5, 4, 3, 2, 1. J’ai 7 secondes de vidéo et j’ai un paysage juste magnifique. Je poste ça sur Instagram. Ce serait certainement une des meilleures vidéos de l’année. Pas besoin de faire beaucoup plus. Parfois, bien sûr, on peut varier les formats et faire des vidéos un peu plus longues, où vous parlez, où vous vous montrez, mais ça peut être largement suffisant, surtout pour commencer, pour prendre confiance avec ce format. »

Jean-Baptiste : « Et puis j’imagine qu’on peut aussi aller chercher quelques outils un peu plus technologiques, qu’on trouve de plus en plus à des prix très abordables ? »

Dominique : « Oui, c’est vrai. Il y a déjà l’intelligence artificielle qu’on peut solliciter. On peut très bien lui demander de nous aider à identifier des sujets sur lesquels on pourrait intervenir sous le format vidéo. Si dans ces vidéos, j’ai envie de raconter l’histoire de mon gîte, de mon camping, ou de ce sculpteur dont j’organise l’exposition temporaire, je peux très bien m’aider de l’IA pour formaliser mon texte, le synthétiser, le rendre bien adapté à un format vidéo. Donc l’IA, qui est gratuite, peut devenir un allié de poids pour ma stratégie de contenu vidéo. Ensuite, j’ai plein d’applications gratuites aujourd’hui qui me permettent de faire du montage vidéo : Canva, CapCut, Filmora… qui proposent vraiment de mini-studios de montage au cœur du smartphone, très simples à utiliser, avec plein de fonctionnalités largement suffisantes pour faire des montages de très bonne qualité et délivrer votre message sous un format vidéo. »

Jean-Baptiste : « À côté de tous ces aspects techniques et de mise en place, est-ce que vous pourriez nous dire tout simplement : qu’est-ce qui fonctionne le mieux ? »

Dominique : « La recette miracle pour une vidéo qui marche bien, écoutez bien, c’est très simple et c’est à la fois très compliqué : les gens, vous, moi, on veut du vrai. On veut de l’authenticité. On ne veut pas forcément des images parfaites. On veut voir ce qu’on verra quand on viendra sur le territoire, au musée, ou sur le camping. On veut voir des vraies choses. Donc l’authenticité, c’est une des clés pour une bonne vidéo. Je vais vous donner un exemple : dans la Bresse, s’il y a une tradition, ce sont les “schlitters”, ces gens qui coupent du bois en haut de la montagne et descendent ensuite sur une espèce de luge à toute berzingue le long de la colline. Un office de tourisme a simplement fait quelques vidéos là-dessus et a eu des millions de vues. Tout simplement parce que c’est authentique, un savoir-faire, quelque chose de spectaculaire, mais sans montage sophistiqué simplement trois, quatre vidéos bout à bout, publiées. Et ça a été un carton. Ensuite, autre secret : on veut voir des gens. Je sais que ce n’est pas évident pour beaucoup, mais il faut essayer de se montrer, de parler, d’incarner son activité. Parce que quand vous racontez l’histoire de votre gîte, de sa rénovation, ou pourquoi vous avez décidé un jour de changer de vie pour racheter un camping, ou lancer une activité de canoë-kayak, vous avez votre histoire. Et c’est ça que les gens veulent. Ils veulent vous entendre, avec vos mots, vos expressions, vos anecdotes. Parce que ça nous rapproche. On est tous humains, et incarner votre business, c’est aussi un excellent moyen de vous démarquer. »

Jean-Baptiste : « Autre question cruciale : à quel rythme faut-il publier des vidéos ? »

Dominique : « Une vidéo par semaine, ça me paraît être un bon rythme. Ne vous mettez pas une pression de dingue. Commencez peut-être par une vidéo tous les quinze jours, ça fait deux par mois à produire et passez ensuite, en fonction des résultats, à la vitesse supérieure. C’est un bon rythme qui, à mon avis, vous donnera beaucoup de visibilité. Il y aura certainement un avant et un après entre le moment où vous n’aviez jamais utilisé la vidéo et celui où vous avez commencé à publier régulièrement. Et pour le rythme, une autre solution, c’est peut-être de créer des rendez-vous réguliers : s’appuyer sur un calendrier où vous allez définir des temps forts. Si je suis un musée, par exemple, je vais parler d’une œuvre une fois par mois. Ce qui me permettra d’anticiper mes sujets et de m’organiser pour produire ces vidéos. »

Jean-Baptiste : « On a compris qu’il faut se lancer, mais après, c’est un processus de test & learn, comme on dit en bon français. Comment tester au jour le jour, semaine après semaine, pour savoir si mes vidéos fonctionnent réellement ? »

Dominique : « Quand vous allez poster une vidéo, vous allez voir pratiquement immédiatement si elle fonctionne. Comment ? Il va y avoir des réactions, des commentaires, des likes, et surtout des vues. Votre vidéo va être poussée auprès de personnes que le contenu peut intéresser. Si ces personnes réagissent, passent du temps dessus, font un petit like, c’est un signal que ça les intéresse. Et l’algorithme va ensuite pousser cette vidéo vers plus de personnes, et ainsi de suite. »

Jean-Baptiste : « Merci beaucoup Dominique pour ces conseils très précieux. Voici quatre bonnes pratiques que je retiens de notre échange :

  1. Je m’organise pour tenir la régularité : j’anticipe mes contenus en me concentrant sur les messages clés que je souhaite valoriser et je planifie ma production pour optimiser mon temps.
  2. Je pense simplicité et surtout authenticité pour maximiser mon retour sur investissement.
  3. Je documente et je valorise mon quotidien. Chaque activité de terrain peut nourrir mes vidéos : l’accueil des voyageurs, les coulisses d’une exposition, un lever de soleil ou encore une réaction à un avis.
  4. J’analyse et j’ajuste en continu. J’évalue mes vidéos à travers deux indicateurs principaux : l’engagement et la visibilité. J’identifie ce qui fonctionne le mieux pour mon audience et j’adapte en conséquence.

Encore merci Dominique, et merci à vous qui nous écoutez. Pour retrouver les autres conseils de nos experts, abonnez-vous à notre chaîne de podcasts Explore Grand Est Académie. »

Voix off : C’était Adopter les bonnes pratiques, un podcast de l’Agence régionale du tourisme Grand Est. Rendez-vous dans 15 jours pour un nouvel épisode.

Un podcast de l’Agence Régionale de Tourisme du Grand Est, produit avec

Jean-Baptiste DIEBOLD

Journaliste, Studio Ohz

Dominique DUFOUR

Expert en stratégie éditoriale

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