Attirer l’attention de son audience et créer un lien fort avec ses clients à travers un contenu immersif : c’est tout l’enjeu du podcast en tant qu’outil de communication. Pour y parvenir, construire une identité sonore cohérente et marquante est essentiel.
Dans ce nouvel épisode, nous accueillons Lorène Pagès, fondatrice du Studio OHz, une agence spécialisée dans la production de podcasts pédagogiques. Grâce à son expertise, découvrez comment structurer votre podcast, définir une identité sonore percutante et utiliser la musique et les bruitages pour captiver votre auditoire et renforcer l’impact de votre message.
Tristan : Vous songez à créer un podcast pour valoriser votre activité touristique ? C’est un bon choix pour communiquer, surtout quand on sait que 5,8 millions de Français écoutent des podcasts natifs au moins une fois par semaine ! Une aventure qui demande d’être précis pour gagner le pari d’être entendu. Pour nous guider dans cette démarche, nous avons le plaisir d’accueillir Lorène Pages, fondatrice et présidente de Studio Ohz, une agence de production de podcasts pédagogiques pour les entreprises et les institutions. Elle va nous apporter son expérience et nous guider pour tout comprendre autour de la question de l’identité sonore : Bonjour Lorène !
Lorène : Bonjour Tristan !
Tristan : Pour commencer Lorène, pourriez-vous définir à nos auditeurs ce qu’est l’identité sonore d’un podcast ?
Lorène : Dans un podcast, on a trois identités : l’identité éditoriale, l’identité graphique et l’identité sonore. L’identité sonore, c’est l’ensemble des sons qui composent le podcast. On a défini 4 grandes typologies de sons. La première, ce sont les voix. La deuxième, ce sont les bruitages. La troisième, c’est la musique. Et la quatrième, ce sont les silences. Si j’avais un premier conseil à donner pour créer une identité sonore, ce serait de bien penser l’identité éditoriale en amont, et notamment le format du podcast. On ne travaille pas de la même manière l’identité sonore d’une interview que celle d’une fiction. Par exemple, on travaille pour la ville de Sélestat sur le podcast Sélestat au fil des histoires. C’est une fiction, donc l’objectif est d’immerger l’auditeur dans un univers. Il y a de la musique du début à la fin, des bruitages, tout est construit de A à Z.
Tristan : Donc la première catégorie dont vous parlez c’est la voix ? Et la voix c’est celle qu’on entend ?
Lorène : Oui exactement. En interview, ce sera votre voix en tant que journaliste, mais aussi celle de l’intervenant. En fiction potentiellement, ce sera celle d’un comédien. Et là-dessus, il y a plusieurs conseils importants. Le premier très important, c’est la prise de son. On ne peut pas faire l’impasse sur la qualité aujourd’hui vu le nombre de contenus. Même à distance ou dans un café bruyant, il existe des solutions. Par exemple, des plateformes comme Zencastr permettent un bon enregistrement, et ne sont pas forcément très chères. Donc quel que soit votre cas, pensez toujours à anticiper techniquement la prise de son. Et plus vous aurez préparé la technique en amont, plus vous serez à l’aise le jour de l’enregistrement. Autre conseil très important pour moi, c’est d’aller chercher le sourire. C’est ça qui rend un podcast agréable à écouter et qui donne envie de rester jusqu’au bout. En interview si vous avez le rôle du ou de la journaliste, c’est à vous de mettre à l’aise l’invité, de le briefer en amont. En fiction, c’est le comédien qui porte la voix, et vous, vous êtes là pour lui transmettre l’intention, la couleur que vous voulez. Et puis il y a un petit tips auquel je tiens beaucoup, c’est le soin apporté aux dix premières secondes. Dans un podcast, l’auditeur choisit d’écouter. On a dix secondes pour capter son attention. Donc je recommanderais de particulièrement soigner ce moment-là.
Tristan : Alors on parle de voix bien sûr mais l’identité sonore c’est aussi l’habillage et donc la musique ?
Lorène : Oui, la musique pour moi dans un podcast sert à créer de l’émotion, à renforcer l’attachement. Il y a de plus en plus d’études sur le lien entre musique et cerveau. Les chercheurs ont démontré que la musique active les mêmes zones cérébrales que celles qui génèrent les émotions. Dans un podcast, on peut avoir un jingle en début, une intro, une outro, et aussi de la musique dans le cœur de l’épisode. Ça peut être des nappes ou des virgules très courtes, entre trois et cinq secondes. Quand je travaille une identité sonore, je demande toujours au client d’avoir en tête l’identité éditoriale et de me donner deux ou trois références musicales qu’il aime, que ce soit dans des podcasts, des films, ou ailleurs. Et aussi un petit descriptif avec la musique attendue, les instruments etc… À partir de ça, on crée un morceau sur mesure, qu’on décline ensuite en jingle, intro, outro, virgules. Et un petit conseil personnel : moi j’aime beaucoup, si c’est une femme qui parle dans le podcast, ouvrir l’épisode avec une voix masculine pour créer un contraste, et inversement si c’est un homme. Comme ça on a une sorte de tampon sonore, avec le tampon musical.
Tristan : Alors si on part dans la fiction, on va forcément utiliser les bruitages, avec parcimonie attention…
Lorène : Oui, et dans ce cas-là, les scénaristes intègrent souvent dès l’écriture des sons dans le script pour enrichir l’immersion. En reportage, je conseille d’identifier quelques sons clés en amont, mais aussi de laisser de la place à l’improvisation. Par exemple, pour le Centre des monuments nationaux, sur un podcast qui était tourné au Château de Vincennes. On a enregistré les pas dans les escaliers, les portes, les clés, mais aussi des rires d’enfants présents pendant une visite et des interviews prises sur le vif avec le gardien. Tout ça, moi je le mets dans les bruitages qui viennent vraiment créer de la texture et plongent l’auditeur dans l’univers.
Tristan : Donc l’identité sonore et la musique c’est un secteur ultra important, on le comprend, mais attention il y a des règles.
Lorène : Pour utiliser de la musique vous avez 4 possibilités. La première : utiliser de la musique, sur une banque de musique libre de droits, par exemple via Free Music Archive ou la banque de musique de YouTube. Deuxième option : utiliser une banque payante comme Artlist, que j’utilise souvent. Troisième option, utiliser une musique connue, dans ce cas il faut passer par la SACEM pour la déclarer et payer les droits. Et enfin, la musique sur mesure avec un compositeur
Tristan : Alors ok, mais combien ça coute tout ça ?
Lorène : Alors faire appel à un compositeur, évidemment ça coute plus cher. Ça peut aller de quelques centaines, à plusieurs milliers d’euros.
Tristan : Alors sujet tendance également, c’est l’appel à l’IA, l’intelligence artificielle. Dans la musique ou dans la voix comment ça marche ?
Lorène : Déjà c’est compliqué parce que ça évolue quasi quotidiennement, il faut se tenir informée tous les jours. Selon moi ça va bouleverser pas mal de choses mais ce n’est pas encore complétement au point. Pour l’identité sonore vous pouvez l’utiliser pour la musique, il y a des outils comme Musenet (lié à ChatGPT) ou MusicGen (lié à Meta). Et deux autres usages principaux pour l’identité sonore avec l’IA : la traduction et les générateurs de voix. Pour ça je vous recommande d’écouter le podcast Comment l’IA et la voix pourraient réinventer la médiation touristique culturelle d’Explore Grand Est Académie.
Tristan : Alors c’est ensuite qu’intervient la partie montage, elle est très importante elle aussi dans la réalisation de votre podcast, pourquoi ?
Lorène : Pour faire un podcast voilà le process : tournage, dérushage (je dégrossis), montage (je structure et je viens gommer les imperfections), réalisation, mixage. Le montage, vous avez deux possibilités, en fonction du budget vous pouvez le faire vous-même ou le sous-traiter. Moi si j’ai très peu de budget pour un projet c’est dans le montage que je le mettrai. C’est vraiment la touche finale qui vient structurer mon podcast, qui apporte un vrai squelette et qui fait que chaque épisode se tient. Ça garantit le coté professionnel et ça vient gommer les imperfections à votre épisode.
Tristan : Bon et là aussi on va parler argent mais combien ça coute ?
Lorène : Encore une fois ça va dépendre du format éditorial que vous avez choisi. Si c’est une interview assez courte, une ou deux heures de montage suffisent, ça peut coûter moins de 100 euros. Mais pour un reportage plus complexe, le temps et donc le budget augmentent.
Tristan : Merci beaucoup Lorène. Je retiens les bonnes pratiques !
1 : Je veille à la qualité du son qui doit être soignée et s’il y a bien une chose à sous-traiter : c’est le montage !
2 : je dois travailler particulièrement les 10 premières secondes de mon podcast, elles sont décisives pour capter l’attention
3 : L’identité sonore dépend de mon budget, c’est vraiment à la carte, on peut aller vers quelque chose de très travaillé et donc de très immersif.
Merci encore Lorène et merci à vous pour votre écoute.
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