Dans cet épisode, suivez notre professionnelle du tourisme tandis qu'elle s’adapte à une tendance en pleine expansion : l’augmentation des voyageurs solos.
Partant de son expérience personnelle et des nouvelles attentes de ces clients en quête de liberté et de sécurité, elle partage les ajustements qu’elle a opérés dans son établissement pour mieux les accueillir. De la refonte tarifaire à la création d’une chambre pensée pour le confort individuel, en passant par une carte interactive d’activités adaptées et des événements conviviaux, elle dévoile comment elle a su transformer l’expérience du voyageur solitaire en une opportunité unique.
Léa : Seulement 10 h du matin et j’ai déjà 3 réservations. La journée commence fort.
Et, chose qui ne m’étonne plus, ce ne sont que des voyageurs solos.
Avant le Covid, j’aurais un peu tiqué, mais aujourd’hui, cela me semble totalement
normal. Par exemple, en 2022, plus de 50 % des séjours longue durée sur Airbnb ont
été réservés par des personnes seules. Une tendance visiblement à la hausse qui
annonce une véritable révolution dans le tourisme.
Alors oui. C’est vrai, ces clients solos n’ont pas les mêmes besoins que celles et
ceux qui voyagent en couple ou en groupe, mais je réussis petit à petit à m’adapter
pour leur proposer des expériences et un accueil sur mesure. D’ailleurs, je fais bien,
car d’ici 2050 en France, la progression des ménages composés d’une seule
personne passerait de 10,8 millions à plus de 14,2 millions ! Soit 3,4 millions de
clients potentiels en plus... vertigineux !
La semaine passée, une cliente m’a dit, sur le pas de la porte :
« C’est tellement dur de trouver une offre qui ne vous fait pas vous sentir seule,
quand on voyage… seule. »
C’est vrai, et je ne peux que la comprendre car je suis aussi dans cette situation...
Comme 41 % des adultes en France, je suis célibataire.
Alors, j’ai retroussé mes manches : après avoir échangé avec des acteurs
touristiques autour de moi, j’ai commencé à modifier subtilement mon offre. J’ai
imaginé une réponse à cette question : comment faire pour que, concrètement, dans
mon établissement, ces voyageurs solos se sentent attendus… et bienvenus ?
Avant tout, je me suis mise dans leur peau. De quoi j’aurais envie devant mon écran
d’ordinateur ? De m’évader seule, de me sentir libre et aussi en sécurité. Et comment
ajuster les tarifs avec ces objectifs ?
Commençons par le plus simple : la chambre. Chez nous, une chambre single
coûtait presque aussi cher qu’une double, à cause des charges fixes. Un argument
difficile à défendre devant le client qui voyage seul. Alors, on a changé de logique :
Depuis février, on propose une réduction de 20 % sur les chambres individuelles, et
une promo spéciale hors saison : -15 % supplémentaires pour les séjours solos de 3
nuits ou plus.
Et on a même créé une nouvelle catégorie de chambre, qu’on appelle « Solo+ » :
un lit en 140, un espace de travail, une théière, une prise USB à hauteur de lit, et
même un coin lecture.
Ça paraît simple comme ça, mais l’ajout de cette catégorie nous a permis de doubler
le taux de remplissage en semaines de ces chambres-ci. Il faut dire que le signal est
clair : ici, vous n’êtes pas un demi-client parce que vous voyagez seul !
Et pour cela, j’ai d’ailleurs eu l’idée dans mon hôtel de réaliser une carte interactive présentant des activités solo friendly, dans les 15 km à la ronde : des sentiers derandonnée adaptés à différents niveaux, des ateliers de poterie, de cuisine, de photo,des expositions et même des cafés culturels où les langues se délient facilement.
Car oui, il ne suffit pas de proposer une chambre sur mesure, mais il faut penser
aussi à ce qu’on offre en dehors de cet espace.
Après ma dernière rupture, je me souviens parfaitement être partie quelques jours en
solitaire en Italie pour “me ressourcer”. Seul bémol, le soir, fuyant le regard des
couples dans le restaurant, je commandais des planches antipasti directement dans
ma chambre... sans jamais descendre une seule fois. D’autant que je ne suis pas la
seule à éprouver cette appréhension du séjour en solitaire : c’est le cas de 72 % des
voyageurs solos.
C’est là que je me suis dit : ok, il faut faire mieux en France, à commencer par mon
établissement.
On a donc contacté directement les organisateurs d’événements.
Résultat ? On coorganise désormais un apéro d’accueil deux fois par semaine,
chaque dimanche matin une balade commentée « patrimoine & nature », ainsi
qu’une soirée jeux de société le jeudi qui fonctionne à merveille. Les clients
intéressés ont juste à s’inscrire à l’accueil, gratuitement.
Pourtant, parfois, même entourés, les voyageurs peuvent se sentir seuls. C’est le cas
notamment des parents solos, qui partent en vacances avec leurs enfants, et qui ont
bien souvent besoin de souffler un peu, ou d’échanger avec d’autres adultes.
J’ai donc mis en place des partenariats avec des structures locales qui proposent
une garde ponctuelle d’enfants, ou même des ateliers créatifs pour les plus petits. De
quoi laisser le temps au parent de se ressourcer.
Tout est donc dans la possibilité d’offrir du choix, aux parents comme aux voyageurs
solo. D’ailleurs, côté logistique, on a modifié notre politique d’annulation. Désormais,l’annulation est gratuite jusqu’à 18 h la veille. Offrir la liberté de ne pas subir la solitude, mais de la choisir. Offrir de la flexibilité, pour satisfaire et répondre au besoin de cette clientèle florissante.
Et vous savez ce qui me fait le plus plaisir, c’est quand j’ouvre les dernières pages du guide de bienvenue aux voyageurs solos qu’on glisse dans les chambres et que je lis
“À l’année prochaine ! ”
Voix Off : « C'était Décrypter les Tendances, un podcast de l'Agence régionale du tourisme Grand Est. Rendez-vous dans 15 jours pour un nouvel épisode ! »
Un podcast de l’Agence Régionale de Tourisme du Grand Est, produit avec
Journaliste, Studio Ohz
Responsable prospective & innovation à l’Agence Régionale de Tourisme Grand Est
Un projet déployé avec le soutien de la Région Grand Est.
Explore Grand Est Académie fait l’objet d’un financement FEDER.
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